Que dit la science sur l’hypnose ?

La transe chamanique est une pratique ancestrale dans de nombreuses cultures et souvent signe d’un niveau de conscience élevé. 

Depuis une dizaine d’année, de plus en plus de chercheurs en neurosciences s’intéressent à l’hypnose dans l’espoir de découvrir d’autres aspects du fonctionnement du cerveau humain.

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Sur quel mécanisme fondamental s’appuie l’hypnose ? Les progrès récents des neurosciences et de la neuro-imagerie démontrent l’effet direct de l’hypnose sur les sites supraspinaux liés à l’expérience douloureuse. En clinique, il s’agit essentiellement d’une médecine de l’imaginaire. Non pas qu’il s’agisse d’une méthode fondée sur une illusion, mais dans le sens d’une pratique qui s’appuie sur le fait suivant : lorsqu’on imagine que l’on fait du vélo, alors tout se passe comme si on faisait réellement une balade en vélo (mêmes zones cérébrales activées, vécu très proche d’une expérience à l’autre). En aparté, précisons que c’est la raison pour laquelle lorsqu’un patient anticipe une douleur, il ressent réellement une douleur avec une activation corticale démontrable. Ces mécanismes sont maintenant de mieux en mieux identifiés, ouvrant le champ à de nouvelles formes thérapeutiques intégrant par exemple la réalité virtuelle.

L’hypnose va donc permettre d’entrer dans un processus d’imaginaire qui prend corps dans l’expérience du patient, lui permettant de modifier ses perceptions (dont la douleur), ses sensations (dont la pénibilité), et donc in fine sa réalité.

Pour atteindre ce point de conscience particulier où la réalité peut être modifiée par l’imagination, l’hypnose utilise le principe de dissociation. Faisant suite aux travaux de Pierre Janet, la dissociation peut se comprendre comme la capacité de la conscience à expérimenter de façon concomitante des états différents. Ainsi, un patient peut à la fois ressentir ce qui se passe dans un ici et maintenant (une salle de consultation durant un examen difficile car pourvoyeur de douleurs) et en même temps éprouver des sensations comme s’il était non pas allongé sur le brancard, mais sur son lit dans l’univers feutré et protecteur de sa chambre.

Tout est finalement dans le «comme si» que nous venons de citer : en hypnose, le patient se crée mentalement et se projette dans un univers nouveau, et en même temps cet univers est ressenti comme une réalité effective, un ensemble de perceptions réellement ressenties.

Source: Rev Med Suisse 2012;8:1399-1403

Le cerveau hypnotisé : Les secrets de l’hypnose révélés par une équipe de l’UNIGE

Une équipe de chercheurs de l’Université de Genève (UNIGE) vient de franchir un pas important dans la compréhension de l’effet hypnotique sur le comportement et la perception. À l’aide de l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, les scientifiques ont réussi à mettre en évidence les mécanismes cérébraux de cet état mental particulier ; mécanismes qui étaient jusqu’à présent très mal connus. En suggérant une paralysie par hypnose, les chercheurs ont trouvé des réseaux neuronaux spécifiques à cet état, qui sont différents de ceux impliqués dans le cas d’une simulation de paralysie. Publiée dans le dernier numéro de la revue Neuron, cette découverte apporte un éclairage nouveau sur les mécanismes cérébraux de la conscience.

Quand l’imaginaire prend le dessus

Le groupe du prof. Patrik Vuilleumier, directeur du Centre interfacultaire de neurosciences de l’UNIGE, a ainsi réussi à montrer que des régions différentes sont impliquées dans la paralysie hypnotique et dans la simulation. Les volontaires sous hypnose présentaient effectivement une forte activité du cortex frontal en partie responsable du contrôle de la réalisation de la tâche, ce qui a amené les chercheurs à conclure que ces personnes étaient dans un état « d’hypercontrôle » – état par conséquent fort différent d’un état d’automate. De plus, malgré la suggestion de paralysie, l’activité liée aux intentions motrices était préservée, indiquant que la volonté d’agir n’était, quant à elle, pas inhibée.

Source: Université de Genève